Mes allaitements: veni, vidi, vici !

 

prince

J’ai deux enfants, la Princesse qui a maintenant 2 ans et demi, n’a été allaitée que 10 jours. 10 jours de pleurs, d’angoisse. J’étais fiévreuse pendant ma montée de lait, j’avais les seins très douloureux, personne ne m’avait montré comment les soulager et ayant subi une épisiotomie qui a mal tourné, j’ai eu de nombreux points qui me faisaient souffrir. Ajoutez à ça des crevasses par une méconnaissance des positions d’allaitement, et vous obtenez un abandon précoce !

J’étais pourtant convaincue des bienfaits de l’allaitement, mais peut être pas assez déterminée pour me battre. J’étais épuisée, mon corps n’était que souffrance. On m’avait joliment enseigné qu’il fallait la mettre au sein toutes les 3 heures, 10 minutes sur chaque … elle hurlait de faim.

Mes crevasses saignaient, je suis retournée à la maternité

où on m’a dit que j’avais du lait, que tout allait bien, que je pouvais continuer à allaiter. Personne n’a voulu prendre le temps de me montrer les positions pour éviter les crevasses, on m’a reçu dans un coin, et on m’a vite demandé de partir … On nous dit pourtant qu’on peut revenir pour n’importe quel problème le jour de la sortie, mais en réalité, j’ai bien senti que je les dérangeais.

Un soir, au 9ème jour, la petite avait hurlé toute la journée, on avait cédé à la pression de la maternité et avions loué une balance. On l’ a pesée, avant et après la tétée, elle n’avait pris que 20 g, on a appelé la maternité, qui nous a dit de venir chercher du lait de toute urgence … Monsieur G. a fait l’aller retour la nuit, elle a bu le biberon d’une traite, nous étions soulagés. . Je sais maintenant qu’il s’agissait d’un pic de croissance, mais personne ne me l’avait dit …

Avec les crevasses, je redoutais de plus en plus les mises au sein que je substituais avec des biberons, ce qui m’a valu un bel engorgement. Je suis allée chez le médecin, qui m’a dit d’arrêter l’allaitement et m’a prescrit des antibiotiques, j’avais beaucoup de fièvre. Je sais maintenant qu’il aurait fallu continuer à beaucoup la mettre au sein pour le désengorger. J’ai abandonné, moi qui avait eu tant de mal à créer un lien après un accouchement difficile, je mettais de côté encore une fois le seul moyen de créer un lien fort avec ma fille.

J’ai toujours regretté cet abandon, la Princesse a eu des problèmes de digestion avec le lait artificiel, elle régurgitait énormément.

Pendant toute la durée de la grossesse de mon deuxième enfant, j’ai rêvé chaque nuit que j’allaitais mon bébé. Je ne rêvais que de ça, accoucher pour allaiter … Une grosse pression reposait sur mes épaules. Mais cette fois ci, j’avais tout l’attirail de la parfaite maman allaitante: j’avais beaucoup lu, prête à parer n’importe quel problème, j’étais entourée de copines allaitantes, et j’avais noté sur mon portable le numéro d‘une association. J’avais également décidé de n’écouter aucun conseil de puéricultrices ou médecins de la clinique, et de cododoter pour être moins fatiguée.

Puis le Prince est né, et il a été mis au sein. Il a bu goulûment. Je me délectais des moindres mouvements de sa mâchoire Je ne ressentais aucune douleur, ce geste me paraissait extrêmement naturel, un geste d’amour, inné. Les jours ont passé, il a eu quelques crevasses, mais j’ai vite rectifié le tir avec mon savoir tout neuf et les discussions journalières avec mes copinautes, il a eu les longs pics, que j’ai bravés, les baisses de lait, les engorgements, il y a eu une grosse grève de la tétée, que nous avons surmontée, mon fils et moi. J’en retiens donc que l’allaitement est une sublime collaboration avec son enfant.

Il a aujourd’hui 8 mois et demi, et deux dents, et il est toujours allaité, pour notre plus grand bonheur à tous les deux, il adore ça, le coquin, et ne sait pas s’endormir sans sa tétouille. Nous échangeons des regards complices, et un petit rituel s’est instauré: quand il tête, il fait toujours les mêmes gestes, il glisse ses mains dans ma bouche pour que je mordille ses doigts. J’aime savoir que nous avons nos petites habitudes, lui et moi … Je suis presque triste qu’il ne tète plus la nuit, j’aimais retrouver ces moments qui n’appartenaient qu’à nous dans la douceur et la pénombre de sa chambre.

J’étais convaincue des bienfaits de l’allaitement avant ma première grossesse, mais je pense que je n’étais pas assez préparée, et bien mal entourée pour le réussir, je n’avais à l’époque aucun modèle de maman allaitante dans mon entourage. J’attachais encore beaucoup d’importance au « qu’en dira-t-on ». Désormais, j’ai su me forger mes propres convictions: je ne peux plus me passer d’allaiter et quoique les gens en disent, le Prince ne sera pas sevré avant qu‘il ne le veuille. D’ailleurs, j’avoue être agréablement surprise par les encouragements de mes proches ! Je m’attendais à des « Quoi, tu allaites encore … », et finalement j’entends des « Ouah, c’est super que tu l’allaites encore ! ». Quel changement dans la mentalité des gens …

Je vois mon fils épanoui, je me sens mieux, j’ai retrouvé confiance en moi, en mon corps. J’ai la capacité de nourrir mon enfant, moi qui ne peut pas enfanter naturellement.

J’aime aider les autres mamans quand elles ont des problèmes avec l’allaitement, ou quand elles ont besoin simplement d’une oreille attentive. Je vais bientôt être marraine de lait d’ailleurs, dans les prochains jours, je vais pouvoir aider une amie à mettre en route j’espère de beaux mois d’allaitement.

Une seule ombre au tableau: je me sens coupable d’avoir échoué avec mon aînée (c‘est toujours le premier qui essuie les plâtres, malheureusement), j’ai peur de faire des différences entre mes deux enfants, peur de créer avec le petit un lien plus fort que celui que j’ai crée, différemment, avec la Princesse.

Enfin, pour finir ce long témoignage, je voudrais parler de Monsieur G. qui m’a toujours encouragée pour donner le meilleur, que ce soit à la Princesse ou au Prince. Il m’a toujours aidée à prendre les meilleures décisions. Également convaincu des bienfaits de l’allaitement, il s’est levé toutes presque toutes les nuits pour aller chercher le Prince dans son lit et le mettre à mon sein. Un ange ce Monsieur G, je vous le dis moi, mais pas trop fort, au risque de me le faire subtiliser …


Anaïs, juin 2009.

Page mise ŕ jour le 05/07/2009