J'ai allaité ma fille pendant un peu plus de 2 ans, elle s'est sevrée d'elle-même au début du 3ème trimestre de ma grossesse. Cela a été une formidable expérience qui nous a apporté beaucoup à tous les 3 (ma fille, son Papa et moi). Pourtant, notre allaitement n'était vraiment pas gagné au début ! J'ai donc choisi de le partager avec vous car je trouve que c'est un bon exemple de « sauvetage » réussi grâce aux associations de soutien à l'allaitement maternel, qui peut donner espoir à d'autres parents...
Pour ma part, j'ai toujours été très rigoureuse et disciplinée, et étant donné que je VOULAIS allaiter, je ne voyais pas d'autre alternative que de faire exactement tout ce qu'on me disait. Après tout, je n'avais pas eu de mode d'emploi livré avec ma fille, et j'imaginais que toutes ces personnes en blouse blanches ou rose devaient forcement tout savoir mieux que moi...
Avant la naissance de ma fille, j'ai donc acheté les fameuses coques rigides et le soutien-gorge très serré recommandés par la sage-femme en chef de la maternité. Clara est née en pleine nuit et a très vite pris le sein toute seule, j'étais donc tout à fait confiante. J'ai fait des massages des seins toutes les 3 heures pendant 3 jours comme recommandé : exactement 5 minutes de jet chaud sous la douche sur chaque sein, puis 5 minutes de massage bien fort sur chaque sein. Bien sûr, ayant eu une épisiotomie, il me fallait à chaque fois, une éternité pour me sécher... Mais qu'importe, s'il fallait en passer par là pour allaiter ma fille, j'étais bien prête à quelques sacrifices... Avant chaque tétée je me lavais les seins, puis je me munissais de mon réveil pour chronométrer : exactement 15 minutes par sein. Comme on me l'avait dit : « donnez le sein à la demande toutes les 3 heures (cette formule restera ancrée dans ma mémoire toute ma vie tant elle est dénuée de sens) 2 fois 15 minutes. Ensuite, comme j'ai eu des crevasses, on m'a donné du bépanthène pour les guérir. On m'a aussi fait peser Clara avant et après la tétée ce qui a conduit à un biberon de complément. Evidemment, elle devait prendre 70g par tétée, la différence des 2 pesées faisait 50, il manquait donc 20g... démarche tout à fait scientifique ! Voila donc à quoi j'ai passé ces 3 premiers jours, plutôt que de profiter de ces moments avec ma fille et des visites que nous avions, je me massais et me lavais les seins toute la journée et j'essayais de trouver des « trucs » pour détourner son attention lorsqu'elle voulait téter avant « l'heure »!
Le lendemain de ma sortie de la maternité, mes crevasses ne cessaient d'empirer, les tétées étaient devenues très difficilement supportable, mes mamelons saignaient et Clara pleurait de plus en plus. J'ai donc appelé les puéricultrices qui m'ont conseillé de tirer et jeter mon lait plein de sang et de lui donner du lait artificiel à la place. C'est là, que enfin, mon instinct maternel s'est réveillé, et c'est là que j'ai eu la chance de recevoir de l'aide et des conseils avisés de la part de bénévoles des associations.
Toutes les directives que j'avais reçues étaient fausses et tout ce qu'on m'avait dit de faire conduisait peu à peu à la fin de mon allaitement !!! Grâce aux associations de soutien à l'allaitement maternel, j'ai enfin compris que je pouvais écouter ma fille, répondre à ses besoins, que je ne pouvais pas ainsi lui faire du mal et que mon instinct était sans doute la seule voix à écouter... Nous avons alors pu revivre et reprendre confiance, c'est un peu comme si Clara naissait de nouveau, ou en tout cas, je commençais une nouvelle maternité, pleine de spontanéité, d'amour, de lait et de bonheur. Quel soulagement ! J'ai aussi découvert les joies du portage en écharpe pour porter ma fille intensément, et je l'ai allaitée avec sérénité car je ne lui en voulais plus de m'obliger à la priver de lait quand elle en voulait. Je crois que nous avons ainsi pu vivre enfin en harmonie tous les 3.
Je repense parfois avec amusement à toutes ces choses qu'on a réussi à me faire faire. Je repense aussi à ma mère qui m'avait parlé d'une connaissance qui a allaité ses enfants 15 mois chacun et à qui j'avais répondu "oh la, la, je ne me vois pas l'allaiter aussi longtemps" ! C'est amusant, car à cette époque, si elle m'avait demandé combien de temps je voulais allaiter Clara, je n'aurais sans doute pas su répondre. Les choses se sont faites petit à petit, nous avons beaucoup évolué et grâce à Clara, nous avons appris tellement ! Aujourd'hui, son petit frère est allaité à la demande, porté en écharpe dès ses premiers jours, co-dodoté et se porte comme un charme...
Page mise ŕ jour le 25/06/2014