Maman de deux petites filles, Lara, 4 ans et Noémie, 2 ans, j'ai vécu avec chacune d'elles le formidable lien de l'allaitement durant 18 mois.Lorsque Lara est née, j'avais depuis plusieurs mois décidé de l'allaiter car l'allaitement est pour moi un prolongement naturel de la grossesse. Je n'avais cependant pas idée ni de la durée ni de la conduite de cet allaitement.
Lara est née par césarienne en urgence, mais avec un peu de persévérance et l'aide du personnel de la maternité, j'ai surmonté les difficultés des premiers temps (position délicate due à la cicatrice, engorgements, inquiétude pour le poids du bébé qui avait dû être réanimé, rythme hasardeux des tétées ...). Au bout de trois semaines, tout est devenu si naturel et normal que chaque tétée était devenue pour nous deux un profond moment de bien-être et d'échange, de bonheur et de tendresse.
Les mois sont passés et je ne voyais pas pourquoi je me mettrais à donner des biberons de lait alors que nous étions si heureuses. A cinq mois, j'ai repris le travail, Lara a entamé sa diversification alimentaire. J'ai rythmé ses tétées sur mes horaires de travail, et Lara a donc eu l'alimentation classique d'un bébé de son âge (introduction des fruits, légumes puis viande et petits suisses), les tétées représentant tout son apport de lait.
A neuf mois, Lara était une petite fille souriante et sociable ... et j'ai continué à l'allaiter, sous l'oeil souvent étonné et parfois sceptique de mes proches et moins proches.
Pourquoi arrêter alors que Lara était à un âge où elle aurait encore eu besoin de biberons de lait ? Le plus naturellement du monde, j'ai décidé que tant qu'elle ne saurait pas boire au verre et qu'elle aurait besoin de téter (biberon ou sein), je préférerais lui donner le sein.
Vers un an, j'ai pris plus de liberté : Lara pouvait manger des yaourts si j'avais besoin de m'absenter plus longtemps, mais je lui donnais la plupart du temps sa tétée du matin (quel bonheur au réveil !), son dessert du midi et sa tétée du soir.
Ma petite fille a grandi. Lorsqu'elle a eu 15 mois, j'ai été à nouveau enceinte, ce qui ne m'a pas empêchée de l'allaiter encore trois mois. Intenses moments de tendresse avec cette petite qui prenait progressivement dans mon coeur son statut d'aînée. Je lui ai expliqué cela, et c'est avec beaucoup de fierté et de câlins qu'elle est passée, en deux semaines, au verre de lait, car elle avait refusé le biberon de transition que je lui avais proposé.
Mon expérience avec Noémie ressemble beaucoup à celle avec Lara, à deux détails prés.
D'une part, ma précédente expérience m'a rendue beaucoup plus détendue dès la naissance et en particulier sans inquiétude sur le rythme des tétées ; je savais mieux différencier les pleurs de faim et les autres pleurs.
D'autre part, des problèmes sérieux de santé m'ont conduite à prendre contact avec l'association Allaitement Informations pour trouver une solution et éviter le sevrage lié à ma prise de médicaments. J'ai parfois dû tirer mon lait et le jeter, mais seulement sur des durées très courtes (deux jours), et je retrouvai à chaque fois avec un grand bonheur ces instants d'osmose extraordinaire que sont les tétées.
Pourquoi donc cette durée d'allaitement ?
Tant que mes enfants avaient besoin de boire du lait en tétant, j'ai préféré leur donner le sein, et c'est donc lorsqu'elles ont été plus mâtures et qu'elles ont su boire au verre avec plaisir que je les ai sevrées ! Nous avons profité intensément de cette relation, mon mari partageant d'autres instants câlins avec ses filles pour d'autres occasions (repas, toilette, jeux ...).
Le sevrage de Noémie a été le plus difficile ... pour moi ! Le cycle maternité - allaitement - maternité - allaitement était (momentanément ?) clos. Noémie, elle, après la dernière tétée, est restée une journée entière blottie dans mes bras, puis, très fière, est allée vers son papa pour lui montrer comme elle savait bien boire toute seule.
Carole, le 27/05/2000.
Page mise ŕ jour le 25/06/2014