Je suis maman d'une petite fille de 3 ans, toujours allaitée et pas de fin de l'allaitement en vue. J'ai repris le travail à 75%, à l’âge de 7 mois et demi de ma fille. Je suis Personnel Navigant Commercial sur Longs Courriers et je m'absente 10/12 jours par mois, généralement 3-5 jours d’affilée, et ceci 2-3 fois/mois de chez moi.
L'allaitement nous permet, à ma fille et moi, de retrouver aussitôt après ma rentrée, la même relation charnelle qu'avant mon départ.
Avec mon fils, sevré à l’âge de 7 mois au moment de la reprise de travail, c’était différent. J'avais un peu de connaissances sur l'allaitement mais pas assez pour pouvoir imaginer que ce serait possible de continuer à l'allaiter tout en travaillant sous de telles conditions.
Mon fils mettait au moins quelques heures pour m'accepter après plusieurs jours d'absence. J’étais devenue une étrangère en quelque sorte.
Je l'avais très mal vécu, culpabilisant à mort, et je n'avais plus envie de revivre la même chose avec ma fille tout en étant contrainte de reprendre le travail aussi tôt.
Je savais que je voulais l'allaiter et j'aurais bien voulu l'allaiter pendant les 2 ans recommandés.
Pendant mes derniers mois de grossesse je lisais tout ce que je pouvais sur l'allaitement. Sur Internet je trouvais les sites de LLL, ADJ+ et IPA, sans parler des sites étrangers.
IPA avait une liste de discussion, lactaliste (désormais gérée par LLL).
C'est là que j'ai, pour la première fois, trouvé des conseils pour concilier allaitement et reprise de travail, même dans des conditions extrêmes, notamment pour les délais de conservation du lait maternel.
A la naissance de ma fille, je savais que je voulais tenter l’expérience de ne pas la sevrer pour la reprise.
Je commençais à tirer mon lait très tôt et à le stocker au congelo. Ceci n’était pas très facile car j'ai toujours eu juste le lait qu'il fallait pour mes enfants et pas une goutte de trop. Pourtant, à ma reprise je disposais de 18 litres de lait maternel congelé, en sacs de glaçons de 1 litre de lait portionnable!
Je commençais à habituer ma fille à prendre mon lait autrement qu'au sein à l’âge de 4 mois, chose plutôt difficile.
A cette première tentative, elle ne voulait rien savoir, c’était le sein sinon rien !
Elle a mis plusieurs mois avant de bien accepter mon lait dans une tasse.
Le biberon étant proscrit pour le danger de confusion sein/tétine. Par désespoir, j'essayais le biberon à tétine 2 fois et elle a fait 2 confusions. La première à 4 mois et la deuxième à 7 mois.
A chaque fois elle tétait mal tout de suite après, et il me fallait une semaine de rééducation.
Comme quoi, ce n'est pas que les tout petits bébés qui peuvent faire une confusion.
C'est la softcup de chez Medela qui a marché pour nous, mais après x tentatives . Ensuite on a pu passer à la tasse à bec facilement.
J'ai même commencé à introduire des solides juste avant de partir la toute première fois pour plusieurs jours. J’étais moins désespérée car elle acceptait les solides en petite quantité.
Elle a finalement accepté de boire mon lait autrement qu'au sein pendant ma première absence de plusieurs jours. C’était assez dur à vivre de devoir partir et d 'ignorer si ma fille allait enfin se nourrir correctement. Elle prenait ridiculeusement peu de mon lait au début, pour en accepter des quantités plus importantes très progressivement. Pourtant elle mettait 6 semaines pour se nourrir correctement pendant mes absences.
Au travail, je tirais mon lait dans le toilettes de l'avion et dans les hôtels à peu près au rhytme des tétées. Souvent c’était impossible de tirer le lait pendant 8 heures mais avec la fatigue du travail de nuit et la moindre stimulation mes seins s'adaptaient vite.
Au fur et a mesure que l'absence se prolongeait, j'avais moins de lait.
J'utilisais un tire-lait Avent ISIS, manuel, et si j'avais à refaire la même chose j'opterais plutôt pour un tire-lait à double pompage style Ameda ou lactina car c’était quand même galère et il fallait de l'huile de coude avec le manuel !
Ma lactation rentrait en ordre en 1-2 jours à la maison avec les tétées à volonté. J'étais généralement une semaine à la maison avant de repartir pour quelques jours.
Sinon une petite cure de fenugrec faisait des merveilles pour remettre la machine en route.
Je conservais mon lait sur glaçons dans une glacière et au frigo, pendant 6 jours maximum, j'en ai jamais jetté une goutte.
Quand je rentrais à la maison je le congelais . Ma fille le consommait pendant l'absence suivante.
Ma fille tout en fréquentant une crèche n'est pratiquement jamais malade, cas assez exceptionnel. Le personnel de la
crèche et moi, nous pensons qu'il y a quand même un rapport entre l'allaitement et sa santé à tout épreuve.
D'ailleurs l'adaptation en crèche ne posait aucun problème à part celui de l'acceptation de nourriture.
Quand je reviens d'un vol, ma fille se jette littéralement sur moi, mais depuis toujours, elle vit très bien les séparations au moins en apparence. Peut-être l'allaitement y est pour quelque chose?
J'aimerais par mon témoignage encourager d'autres mamans à continuer d'allaiter tout en travaillant, c'est vraiment faisable. C'est déjà tellement dur de devoir reprendre le boulot, alors si en plus il faut sevrer ça fait vraiment coupure.
On profite tellement, toutes les deux, de la poursuite de l'allaitement.
Isabelle.
Page mise ŕ jour le 12/04/2007